Le mercredi 22 mai, la Fondation Hirondelle a organisé un débat public à Goma, une ville emblématique de la crise humanitaire dans l'est de la République Démocratique du Congo. Cet événement, orchestré par le Studio Hirondelle RDC, avait pour but de créer un espace de dialogue autour du thème « Situation des déplacés : quels besoins pour quelles solutions ? ». La ville de Goma, située dans la province du Nord-Kivu, est un épicentre des déplacements massifs de populations causés par les conflits armés, notamment ceux impliquant le groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda.
Le débat a attiré une
participation diversifiée, incluant des déplacés eux-mêmes, des représentants
d'organisations humanitaires nationales et internationales, des membres de la
société civile, et des habitants locaux. Parmi les participants notables
figuraient Prisca Luanda Kamala, conseillère principale du Gouverneur du
Nord-Kivu en charge des affaires sociales et humanitaires, Elie Bahati,
secrétaire du comité des déplacés autour de Goma, et Melissa Kikomba,
assistante de coordination de l'association Sauti ya Mama Mukongomani.
Cette rencontre visait à
mettre en lumière les nombreux défis auxquels les déplacés sont confrontés,
tels que l'accès à l'eau potable, les soins de santé, l'éducation des enfants,
et la sécurité. En offrant une plateforme de discussion ouverte, la Fondation
Hirondelle espérait non seulement sensibiliser le public mais aussi mobiliser
des actions concrètes pour améliorer la situation des déplacés au Nord-Kivu.
Objectif
du débat
L'objectif du débat
organisé par la Fondation Hirondelle le 22 mai à Goma était de créer une
plateforme inclusive pour discuter des défis pressants et des solutions
possibles concernant la situation des déplacés dans la région du Nord-Kivu. Le
thème central, « Situation des déplacés : quels besoins pour quelles solutions ?
», visait à aborder de manière holistique les problèmes urgents rencontrés par
les déplacés internes.
Ce débat avait pour but
principal de donner la parole aux déplacés eux-mêmes, permettant ainsi de
mettre en lumière leurs besoins les plus criants tels que l'accès à l'eau
potable, les soins de santé, l'éducation des enfants et la sécurité. En outre,
il cherchait à promouvoir une compréhension mutuelle entre les différentes
parties prenantes, y compris les représentants des organisations humanitaires
nationales et internationales, les membres de la société civile, et les
habitants locaux.
Le débat était également
une opportunité de sensibiliser le public et les autorités sur l'ampleur de la
crise humanitaire dans la région, exacerbée par les conflits armés et
l'insécurité. En réunissant des experts et des représentants locaux, la
Fondation Hirondelle espérait favoriser un échange constructif d'idées et de
perspectives pour formuler des réponses adaptées et efficaces aux besoins des
déplacés. Finalement, l'objectif ultime était de mobiliser davantage de soutien
et de ressources pour améliorer les conditions de vie des déplacés et œuvrer
pour leur retour en toute sécurité dans leurs foyers.
Composition
du panel
Le débat public organisé
par la Fondation Hirondelle à Goma le 22 mai a réuni un panel diversifié et
représentatif, composé d'experts et de figures clés impliquées dans la gestion
de la crise des déplacés au Nord-Kivu. Le panel incluait Prisca Luanda Kamala,
conseillère principale du Gouverneur du Nord-Kivu en charge des affaires
sociales et humanitaires. Sa présence soulignait l'engagement du gouvernement
provincial à aborder les défis humanitaires dans la région et à coordonner les
efforts avec les partenaires humanitaires.
Elie Bahati, secrétaire
du comité des déplacés autour de Goma, représentait directement les voix des
déplacés. Son rôle était crucial pour articuler les besoins et les
préoccupations immédiates des personnes affectées par les déplacements forcés,
donnant une perspective authentique sur les difficultés quotidiennes
rencontrées par ces communautés vulnérables.
Melissa Kikomba,
assistante de coordination de l'association Sauti ya Mama Mukongomani,
apportait une expertise sur les questions de genre et de protection des femmes
déplacées. Son intervention était particulièrement importante pour aborder les
problématiques spécifiques des violences sexuelles et basées sur le genre, qui
sont souvent exacerbées en situation de crise humanitaire.
Les panelistes ont
répondu aux questions posées par deux journalistes du Studio Hirondelle RDC
ainsi qu'à celles du public, favorisant un échange dynamique et interactif.
Cette composition variée du panel a permis de couvrir un large éventail de
perspectives et de proposer des solutions pratiques et inclusives pour
améliorer la situation des déplacés au Nord-Kivu.
Principaux
besoins exprimés par les déplacés
Lors du débat public
organisé à Goma par la Fondation Hirondelle, les déplacés ont exprimé plusieurs
besoins cruciaux pour améliorer leurs conditions de vie. L'accès à l'eau
potable est apparu comme une priorité absolue, étant donné que beaucoup de
camps de déplacés souffrent de graves pénuries d'eau, entraînant des problèmes
sanitaires et des maladies hydriques.
La prise en charge
sanitaire est également un besoin urgent. Les déplacés manquent souvent d'accès
à des soins de santé de base, aggravé par le manque de médicaments et
d'installations médicales adéquates dans les camps. L'éducation des enfants est
un autre besoin essentiel. De nombreux enfants déplacés sont privés d'éducation
en raison de l'absence d'infrastructures scolaires et de ressources éducatives
dans les zones de déplacement.
La sécurité constitue une
préoccupation majeure. Les déplacés font face à des menaces constantes, y
compris des attaques de groupes armés et des violences intercommunautaires. La
protection contre les violences basées sur le genre est particulièrement
importante, comme l'ont souligné plusieurs intervenants. Les femmes et les
filles déplacées sont souvent victimes de violences sexuelles, un problème
exacerbé par l'instabilité et le manque de protection dans les camps.
Ces besoins urgents,
exprimés par les déplacés eux-mêmes, appellent à une réponse coordonnée et
efficace de la part du gouvernement, des organisations humanitaires et de la
communauté internationale pour améliorer la situation des déplacés au Nord-Kivu
et leur offrir des conditions de vie dignes et sécurisées.
Interventions
des panelistes
Les interventions des
panelistes lors du débat public organisé par la Fondation Hirondelle à Goma ont
mis en lumière diverses perspectives et approches pour répondre aux besoins des
déplacés au Nord-Kivu. Prisca Luanda Kamala, conseillère principale du
Gouverneur du Nord-Kivu en charge des affaires sociales et humanitaires, a
insisté sur les efforts du gouvernement pour coordonner avec les partenaires
humanitaires. Elle a souligné que, malgré les ressources limitées, des efforts
sont continuellement déployés pour soulager les souffrances des déplacés, en
mettant l'accent sur le besoin urgent de rétablir la paix pour permettre un
retour en toute sécurité dans leurs foyers.
Elie Bahati, secrétaire
du comité des déplacés autour de Goma, a articulé les préoccupations immédiates
des déplacés. Il a exprimé le souhait pressant de retourner dans leurs
villages, demandant une action plus résolue pour expulser les groupes armés, en
particulier les terroristes du M23, afin de restaurer la sécurité. Bahati a
également souligné les défis que rencontrent les humanitaires pour atteindre
tous les déplacés en raison du grand nombre de ménages dans les camps.
Melissa Kikomba,
assistante de coordination de l'association Sauti ya Mama Mukongomani, a abordé
les graves problèmes de violences sexuelles et basées sur le genre. Elle a
expliqué que de nombreuses femmes déplacées sont victimes de viols et d'abus,
mais que la stigmatisation culturelle empêche souvent les victimes de dénoncer.
Kikomba a mis en avant les efforts de sensibilisation et de soutien pour
encourager les femmes à se manifester et à obtenir de l'aide.
Ces interventions ont
offert une vue d'ensemble complète des défis complexes auxquels font face les
déplacés et ont souligné la nécessité d'une approche multidimensionnelle pour y
répondre efficacement.
Situation
actuelle des déplacés au Nord-Kivu
La situation des déplacés
au Nord-Kivu est alarmante et complexe, avec plus de 3 millions de personnes
déplacées à cause des conflits armés, notamment l'insurrection menée par le
groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Cette guerre d'agression a entraîné
des déplacements massifs de populations, exacerbant une crise humanitaire déjà
critique dans la région.
Les camps de déplacés
autour de Goma et dans d'autres parties du Nord-Kivu sont souvent surpeuplés et
manquent de ressources essentielles. L'accès à l'eau potable, aux services de
santé et à l'éducation est gravement limité, créant des conditions de vie
extrêmement difficiles pour les déplacés. Les femmes et les enfants sont
particulièrement vulnérables, faisant face à des risques accrus de violences
sexuelles et de violences basées sur le genre.
La réponse humanitaire
est actuellement insuffisante par rapport aux besoins énormes. Les
organisations humanitaires estiment qu'il faudrait plus de 2 milliards USD pour
répondre adéquatement à la crise, mais à ce jour, moins de 20 % de ces fonds
ont été mobilisés. Cette sous-financiation compromet les efforts pour fournir
une aide vitale et améliorer les conditions de vie des déplacés.
Le retour à la sécurité
et à la stabilité est le besoin le plus pressant pour permettre aux déplacés de
rentrer chez eux et de reconstruire leurs vies. Cependant, tant que les groupes
armés continueront de menacer la région, la situation des déplacés restera
précaire. La communauté internationale, les autorités locales et les
organisations humanitaires doivent intensifier leurs efforts pour apporter une
assistance durable et trouver des solutions à long terme pour cette crise
humanitaire.
Conclusion
du débat
La conclusion du débat
organisé par la Fondation Hirondelle à Goma a mis en lumière l'urgence et la
complexité de la situation des déplacés au Nord-Kivu. Les discussions ont
révélé des besoins criants en matière d'accès à l'eau potable, de soins de
santé, d'éducation et de sécurité, ainsi que des défis spécifiques liés aux
violences sexuelles et basées sur le genre. Les interventions des panelistes
ont souligné la nécessité d'une approche coordonnée et inclusive pour répondre
efficacement à ces problèmes.
Prisca Luanda Kamala a
rappelé que le gouvernement, bien que limité par des ressources insuffisantes,
s'efforce de collaborer avec les partenaires humanitaires pour soulager les
souffrances des déplacés. Elle a insisté sur l'importance de rétablir la paix
pour permettre un retour sécurisé des déplacés dans leurs foyers. Elie Bahati a
exprimé le désir des déplacés de retrouver leur vie normale en rentrant chez
eux, demandant une action plus décisive contre les groupes armés.
Melissa Kikomba a mis en
évidence les efforts de sensibilisation et de soutien aux victimes de violences
sexuelles, soulignant l'importance de briser la stigmatisation et d'encourager
les dénonciations.
Le débat a permis de
sensibiliser davantage le public et les autorités aux défis quotidiens des
déplacés, tout en appelant à une mobilisation accrue de ressources et de
soutien. Il a également souligné que la paix et la sécurité sont les éléments
clés pour résoudre durablement la crise des déplacés. Les participants ont
convenu qu'un engagement continu et des actions concrètes sont nécessaires pour
améliorer les conditions de vie des déplacés et promouvoir un retour à une vie
normale et digne.
Patraël
MUZEMBE
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